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Les personnes âgées et la technologie: deux univers inconciliables?
6 Janvier 2008

La technologie est-elle un facteur de rapprochement ou d'éloignement entre les générations? Qu'en est il de l'attitude des personnes âgées à l'égard, par exemple, d'Internet? Le sociologue Vincent Caradec nous propose de dépasser certains clichés entourant les rapports entre les personnes âgées et les objets technologiques. Et si les études qu'il a menées sur ce sujet portent sur les retraités français, il semble que ses conclusions s'appliquent aussi, pour une bonne part, à la société québécoise. (1) 

 

 

1.      Qu'est-ce  que la technologie?

 

Selon Caradec, il y a différentes sortes de technologies (p.2). Soit celles :

 

1)      « qui font déjà partie de l'environnement familier à la naissance ».

 

2)      «  qui apparaissent lorsque l'on est un peu plus avancé dans le cycle de vie et que l'on apprend à utiliser au cours des années de formation ou pendant son activité professionnelle ».

 

3)     «qui surgissent alors que l'on est plus âgé et déjà à la retraite ».

 

 

Dans ces conditions, dans quelle mesure les personnes retraitées sont-elles réceptives à la troisième catégorie? Pour répondre à cette question, il est bon de citer le sociologue :

 

" Il ne s'agit pas, écrit-il, de dire que les personnes âgées ont grandi et  travaillé à une époque où ces technologies n'existaient pas pour   comprendre leurs  rapports aux technologies modernes. Il faut aussi prendre en compte le contexte dans lequel elles vivent aujourd'hui (leur  réseau relationnel et familial, leur mode de vie, leur conception de la  retraite) " (p.15).

 

 

Il faut donc, en toute logique, définir l'expression « personnes âgées » afin de mieux comprendre ce « contexte »...

 

 

2. Quelques idées préconçues concernant les personnes âgées

 

Selon les discours en vogue, les personnes âgées manifesteraient soit une familiarité soit, au contraire, une incompatibilité à l'égard des technologies. Mais il semble que pour les tenants de la « familiarité », les « personnes âgées » soient généralement des gens âgés en gros de 50 à 64 ans. Tandis que pour les tenants de l'incompatibilité, il s'agirait plutôt de gens qui sont âgés de 65 ans et plus…

 

Mais après avoir établi cette distinction importante fondée sur l'âge, on peut avoir d'autres surprises. Caradec relate par exemple une enquête sociologique effectuée dans un petit village Breton il y a plusieurs années, où les personnes les plus réceptives aux innovations technologiques de l'époque (par ex. la télévision) avaient 70 ans et plus tandis que celles qui avaient entre 50 et 70 ans, et qui travaillaient toujours, considéraient plutôt la technologie comme une menace éventuelle pour leur emploi (p. 16)… Comme si la dynamique était inversée!

 

 

Enfin, sur la base de ses propres recherches, le sociologue souligne que ce n'est pas uniquement pour des raisons de non familiarité que certaines personnes âgées ne possèdent pas certains objets technologiques; en effet,

 

 "(…) l'absence d'usage peut aussi renvoyer au fait que les retraités jugent l'équipement inutile dans le cadre du mode de vie qui est le      leur aujourd'hui ou encore à une évaluation négative qu'ils font de  certaines caractéristiques de l'appareil. Ces discours présentent d'ailleurs   des variations sociales intéressantes : dans le cas du micro-ordinateur, les  retraités plus jeunes, appartenant aux classes moyennes et supérieures tiennent plutôt -lorsqu'ils ne sont pas équipés-, le discours de l'inutilité; les  retraités en milieu populaire et les plus âgés ont, plus souvent, le discours  soulignant leur absence de familiarité avec l'appareil." (p.9)

 

 

3. Pour un rapprochement entre les générations : forces et limites de la technologie

 

Caradec relève le rôle essentiel des enfants dans l'acquisition d'objets technologiques par leurs parents, les enfants servant en quelque sorte de « mentor » auprès de ces derniers (p. 11). Les petits enfants ont aussi un rôle à jouer dans ce processus; un rôle que Caradec appelle « de médiation », mais cependant d'une façon moins significative. (p. 12-13)

 

Malgré tout, certaines personnes interrogées confiaient au sociologue leur inquiétude quant au fossé qui se creuse entre eux et leurs petits-enfants du fait de leur ignorance de l'informatique. Pour « garder le contact », Caradec a relevé deux « stratégies » développées par les grands-parents: ils cherchent soit à « rester dans le coup » en s'initiant à l'informatique soit, au contraire, à ménager un terrain d'entente avec leurs petits-enfants à partir de ce qu'ils ont spontanément à leur offrir, comme l'écoute, la chaleur humaine, etc. (pp. 14-15).

 

Il semble donc évident que l'innovation technologique ne fait pas toujours bon ménage avec les personnes plus âgées (l'auteur donne d'ailleurs plusieurs exemples de ce phénomène). Mais la réalité est néanmoins beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Aussi, connaître le contexte de cette familiarité ou de cette non familiarité semble essentiel pour comprendre un aspect important des rapports entre les générations et remettre le tout dans sa véritable perspective.

 

 

RÉFÉRENCE :

      (1) CARADEC, Vincent, « Générations anciennes et technologies nouvelles ». On peut consulter cet article dans sa totalité à l'adresse suivante :

     http://gracc.recherche.univ-lille3.fr/html/articles/articles_caradec/Malakoff%20G&S.pdf

Pierre Tardif

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