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La maison viet-ca. La maison qui chante
17 Novembre 2007

LA MAISON VIET-CA

La maison qui chante…

 

Par Chantal Beauregard

 

 « C'est un projet de longue haleine et je suis prête à y consacrer les 25-30 prochaines années de ma vie », s'exclame Marcelle Charland, une jeune sexagénaire fort volubile en décrivant l'aventure qui occupe son esprit depuis de longs mois. Il s'agit de la création d'une maison de réinsertion pour les enfants défavorisés du Vietnam, la Maison Viet-Ca, en vietnamien le mot « Ca » signifie chanter, donc la Maison qui chante.

 

 

Le changement de cap

 

Revenons un peu en arrière. En 1997, Marcelle Charland, alors âgée de 50 ans, part seule au Vietnam, bien déterminée à s'y trouver du travail et à y séjourner pendant quelques années. Forte de son expérience d'enseignante, designer de mode et gestionnaire d'entreprise, elle réussit rapidement à se dénicher un poste dans une usine de vêtements à Hô Chi Minh-Ville (anciennement Saigon). Elle doit s'acclimater à des conditions de travail différentes d'ici, six jours semaine, dix heures par jour, au manque de ressources et au système D comme seul recours. « Les Vietnamiens sont des gens courageux, vaillants, généreux, ouverts d'esprit et très accueillants, donc les contacts ont été faciles, dit-elle. De plus, ceux qui ont 40 ans et plus parlent encore le français. Heureusement, parce que leur langue est très difficile à apprendre. J'ai essayé et mes amis et moi avons beaucoup ri de mes erreurs ! »

 

 

Une triste réalité

 

En plus de son travail, Marcelle commence à faire du bénévolat pour un organisme appelé Thao Dan, qui œuvre auprès des enfants de la rue. Le phénomène des enfants qui vivent dans la rue est très répandu à la grandeur du pays, il y en a des milliers âgés entre 4 et 12 ans qui ont été abandonnés ou qui ont quitté leur famille à cause de la pauvreté ou d'abus. Dehors, ils survivent tant bien que mal et sont confrontés à des prédateurs de toutes sortes. Les travailleurs sociaux ne suffisent pas à la tâche, ce sont donc des intervenants et de jeunes étudiants bénévoles qui prêtent main forte. « À leur contact, j'ai redécouvert l'importance du partage, du geste gratuit. J'ai compris que mon cœur et mon énergie tendaient vers ce type de travail. Ils m'ont inspirée de façon concrète », poursuit-elle.

 

C'est ainsi que petit à petit a germé l'idée de la création d'une maison qui accueillerait les enfants défavorisés tout en ayant une vocation particulière. Ce serait un lieu qui subviendrait non seulement à leurs besoins physiologiques, mais aussi un lieu où on leur offrirait la possibilité d'accéder à une vie meilleure par l'apprentissage d'un métier.

 

 

Un projet original

 

Ayant toujours été active dans le milieu des arts et de la création, Marcelle a pensé à la fondation d'une maison de métiers d'art. « Les jeunes apprendront les techniques de base des domaines tels la peinture, la sculpture, le chant, la danse, l'art culinaire, la couture, la broderie, l'horticulture en plus de la lecture, l'écriture et les mathématiques. Ils pourront ainsi devenir autonomes ! »

 

Cette femme passionnée a élaboré son projet avec beaucoup de sérieux et a ensuite consulté un grand nombre d'individus et d'organismes pour solliciter leur appui et leurs conseils. Elle a tout prévu : la Maison Viet-Ca sera située à Dalat, petite ville de 130 000 habitants dans le sud du pays « parce que la vie y est plus facile que dans une grande ville », elle accueillera dans un premier temps de 15 à 20 enfants âgés entre 4 et 12 ans, choisis avec l'aide des travailleurs sociaux. « Les intervenants résidents seront d'origine vietnamienne et ils seront rémunérés. Notre mission n'est-elle pas de briser le cercle de la pauvreté ? » (Marcelle n'exclut pas pour autant l'aide de bénévoles).

 

En plus de ses dortoirs, cuisine et ateliers, la Maison aura une cour aménagée pour le jeu et l'exercice physique, un jardin de plantes et de fleurs et un potager pour nourrir les résidents. « Dans le sud, le temps est doux, on prépare la nourriture et on mange beaucoup dehors. Les jeunes qui voudront tenir une popote de quartier seront encouragés à le faire, d'autant plus que les coûts d'exploitation sont minimes ! »

 

Son enthousiasme est communicatif. En l'écoutant vouloir donner un coffre à outils aux jeunes pour les aider à sortir de la mendicité en fabriquant des marionnettes, en dessinant et en vendant des caricatures ou en apprenant des points de broderie, on est vite conquis. C'est justement ce qui est arrivé lorsqu'elle s'est adressée à un groupe de « retraités flyés ». « Nous lui avons remis le surplus que nous avions en banque, soit 500 $, raconte Thérèse Michaud, fondatrice de la Fédération des associations de retraités flyés. Beaucoup de gens viennent nous faire partager leurs projets hors de l'ordinaire, mais ceux qui prennent la peine de ramasser de l'argent avant de quitter le pays font un véritable travail de missionnaire. Il faut les aider. »

 

Marcelle Charland a un plan solide à présenter à quiconque pourrait lui offrir de l'aide. Elle a préparé un budget pour la phase d'implantation ainsi qu'une évaluation budgétaire sur cinq ans. Elle a trouvé les différents organismes et associations susceptibles de lui venir en aide financièrement, elle a ses réseaux personnels au Québec et au Vietnam. Toutefois, avant de se lancer officiellement, elle doit trouver deux ONG, l'une québécoise et l'autre au Vietnam, qui accepteront de chapeauter son projet afin que celui-ci soit approuvé par les instances gouvernementales. Cependant, elle ne compte aucunement sur les ressources financières de ces ONG pour soutenir sa démarche, assure-t-elle.

 

« Il me faudra 100 000 $ pour démarrer, ensuite les dons et les revenus récurrents dépasseront rapidement les coûts d'exploitation. De toute façon, la vie est moins fébrile là-bas, le temps n'a pas la même valeur qu'ici. J'ai très hâte d'y retourner et j'ai tout le reste de ma vie devant moi », annonce-t-elle sereinement. Thérèse Michaud a sans doute raison lorsqu'elle dit que vieillir est un cadeau, un privilège dont on doit profiter pleinement.

 

Courriel : marcellecharland@hotmail.com

Chantal Beauregard

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