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Rire sa vie
5 Août 2007

Par Sébastien Lévesque

 

Ha ! Ha! Eh ! Eh ! Ho Ho ! Hu ! Hu ! Quelles sont donc ces exclamations de joie qui proviennent de la chambre de M. Hébert ? D'autant plus qu'il est seul. Serait-il devenu fou à rire de ses propres facéties devant la glace ? Mais c'est qu'il est communicatif, ce fou rire ! Voilà l'un des exercices les plus inusités que propose Paule Desgagnés, rigolothérapeute, afin de donner toute la place au clown en soi. Inusités, certes, mais ô combien bénéfiques !

 

Dans son livre intitulé La Rigolothérapie, Mme Desgagnés nous apprend que ces simples exclamations en bonne compagnie ou, à défaut, seul devant la glace, font travailler une multitude de parties du corps : de la gorge au diaphragme en passant par la nuque, le ventre et la glande thyroïde, en plus d'augmenter sensiblement le nombre de globules blancs et de lymphocytes dans l'organisme. Quand en plus on sait que une minute de rire intense équivaut à quarante-cinq minutes d'exercice, que dix minutes donnent les mêmes effets que deux heures d'efforts, pourquoi s'en priver ? Bref, c'est un exercice complet dans la bonne humeur la plus totale. Aînés Hébergement s'est intéressée à cette drôle de méthode et a passé un petit coup de fil à cette spécialiste du rire, qui sait prendre la vie avec un grain de sel, mais qui pratique un métier très sérieux.

 

 

En manque

 

S'il est un loisir des plus sous-estimés et parmi les moins onéreux qui soient, c'est bien le rire. Et c'est véritablement un loisir, car un bon fou rire permet de décrocher de ses problèmes, de s'offrir du bon temps en plus d'être extrêmement bénéfique pour la santé, soit, somme toute, ce que l'on demande à tout bon loisir. « Mais, déplore Paule Desgagnés, il semble bien qu'on prenne de moins en moins le temps de rire. Se référant à une étude de Christian Shaller, elle nous apprend qu'alors, en 1939, on riait en moyenne dix-neuf minutes par jour; en 2006, on parle de moins de quatre minutes, c'est vraiment d'une tristesse inouïe... Après on s'étonnera que la dépression soit la deuxième cause de décès au Québec, souligne-t-elle. Les deux drames survenus dans le temps des Fêtes dans la région de Québec en sont des preuves flagrantes.

 

Ironiquement, les humoristes n'ont jamais été aussi en demande. « Voilà le paradoxe, explique-t-elle, on donne de plus en plus aux autres le mandat de nous faire rire, mais soi-même on ne rit plus. Donc, en dehors des autres, point de salut. Si l'industrie du rire semble plutôt bien se porter, le véritable rire naturel et qui doit provenir de soi, de ses propres ressources, lui, décroît à vue d'œil.

 

 

Un drôle de métier

 

Paule Desgagnés pratique la rigolothérapie depuis plusieurs années. Ce sont d'abord ses études en philosophie qui l'amènent à élaborer une méthode de relaxation pour soulager le stress, la déprime et l'anxiété autour d'elle. Les bases sont en place. Ce sont les commentaires reçus lors de consultations, à savoir que la très grande majorité des gens ne riaient plus, ne se trouvaient plus drôles et n'avaient plus la joie de vivre, qui incitent Paule Desgagnés à se questionner sur les bienfaits du rire. Et ses recherches culminent vers la rigolothérapie, terme inventé par le docteur Pierre de Vachet. Celui-ci soutient que, lors des hospitalisations, les patients qui ont le meilleur moral sont ceux qui guérissent le plus rapidement. Donc auprès des plus pessimistes et de ceux qui sont le plus enclins à perdre le moral, on organise des séances de rire en commun, d'où la rigolothérapie.

 

Depuis, elle rencontre les gens de tous les milieux afin de promouvoir les bienfaits de rire, que ce soit lors de conférences, de séminaires ou d'ateliers. Sa clientèle la plus difficile : les comptables, qui sont dans leur tête et le rationnel plus souvent qu'autrement, signe que leur réputation n'est pas surfaite. Mais après quelques minutes, ils se laissent aller et ça va de mieux en mieux, rassure-t-elle.

 

Le cerveau est divisé en deux hémisphères bien distincts : le gauche pour le rationnel, la logique et l'analyse, tandis que le droit concerne le plan créatif, celui de l'imagination et du rêve. C'est évidemment sur cet hémisphère-là qu'elle travaille tout particulièrement.

 

 

Une guérison inspirante

 

Dans son livre, elle raconte la surprenante « histoire de la guérison presque miraculeuse du journaliste américain Norman Cousins », qui s'est sorti d'une spondylarthrite paralysante, une malformation articulaire de la colonne vertébrale, uniquement par son moral d'acier et son sens de l'humour exceptionnel. Les médecins n'estimaient en outre qu'à une sur cinq cents ses chances de guérir. « Tout est dans l'attitude mentale, soutient-elle, car on ne se contera pas d'histoire, tout le monde a des difficultés. La seule différence tient dans la façon dont on les aborde. Comme je vois ce qui m'arrive, est-ce que je vais paniquer et m'écraser, ou encore est-ce que je vais me faire confiance et faire confiance en la vie ? Tout est là ! Vivre, c'est réagir, alors réagissons, bon Dieu ! », conclut-elle avant de lancer un grand éclat de rire communicatif.

 

Elle explique aussi que le sens de l'humour permet de se regarder et de s'accepter tel que l'on est, l'une des conditions essentielles pour apprendre à rire de soi et à ne pas se prendre au sérieux. On porte ainsi sur soi un regard essentiel si l'on veut jouir d'une saine confiance en soi et être bien dans sa peau, estime Mme Desgagnés, puisque notre perception de nous-même est en quelque sorte notre perception de la vie. Cela aide aussi à ne pas dramatiser, car quand on dramatise, on grossit la situation, on voit tout en noir, ce qui en fin de compte nous amène à empirer les situations et nous entraîne vers un tunnel de plus en plus sombre et profond. À ce sujet, elle cite une phrase merveilleuse de Gilles Vigneault : « Les périodes sombres et noires ont ceci de bon, elles me permettent d'inventer la lumière ! » Dans ce même esprit, elle invite tous les gens à être des inventeurs de lumière.

 

Selon Mme Desgagnés, un groupe qui devrait porter une attention particulière au moral et à la présence de l'humour dans sa vie, c'est celui des femmes enceintes. Elles devraient rire pour deux, car elle soutient que le fœtus fait bonne provision des rires de la mère avant même sa venue au monde. C'est donc un service à lui rendre que de lui mettre quelques fous rires en banque...

 

Elle nous laisse sur cette petite phrase pleine d'ironie, mais porteuse d'une grande sagesse : heureux celui qui sait rire de lui-même, car il en a pour longtemps à s'amuser...

 

Sébastien Lévesque

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