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Les derniers mots de "Monsieur Livre"
4 Janvier 2006

Qui était Henri Tranquille?

C'était un libraire coloré; on l'appelait « Monsieur Livre », il est décédé récemment à l'âge de 89 ans…

Deux articles de La Presse relatent certains aspects de la vie et du tempérament de ce personnage qui s'érigea un peu comme une torche enflammée qui écorcha un peu au passage de la grisaille de l'époque de la grande noirceur.  Une biographie a été écrite sur lui, que nous n'avons malheureusement pas lue. Nous citerons donc simplement ces deux articles, qui ont été écrits à la suite de son décès et qui dévoilent des détails révélateurs.

 

Le libraire…

C'était semble-t-il tout un personnage, passionné de livres qu'il dévorait autant qu'il en vendait; selon sa propre évaluation, il en aurait lus 10 000 à lui seul dont 2000 pièces de Théâtre (2)!

Dans ces deux articles, les qualificatifs ne manquent pas pour le décrire. Il fut : «le père des libraires au Québec » (1); «un  libraire chiâleux et passionné » (1); « (…) un intello, [qui] attirait les intellos de Montréal » (2); un « libraire en colère » (1). On l'a déjà comparé à l'écrivain Georges Simenon,  non sans humour, en rapprochant les 10 000 livres  qu'il aurait lus avec les 10 000 femmes avec lesquelles Simenon aurait supposément couchées (1)… 

À ce point épris de livres, le libraire ne pouvait qu'être épris de ses artisans. C'est ainsi qu'il a côtoyé des auteurs et gens de lettres célèbres tels que  Alain Stanké, Yves Beauchemin,  Jean-Claude Germain et Marc Fisher, pour ne nommer qu'eux . Bien plus,

« Henri Tranquille n'était pas qu'un libraire. Il était un guide. Pour les gens de la génération du cours classique (avant l'invention des cégeps), ceux qui n'avaient pas le droit de lire les livres à l'index, (…), il fut le tuteur, les guidant dans cette littérature française frondeuse, anticléricale, libre-penseure ou simplement osée, mais souvent magnifique, qui était interdite ».(2)

Finalement, pour certains, Henri Tranquille aura été « Le plus grand libraire du Québec » (1). 

 

… sa librairie

Il l'avait installée d'abord sur la rue Sainte Catherine, à Montréal, puis sur Saint-Denis et enfin sur Mont-Royal. C'était la «Librairie Tranquille»…

De nombreuses personnes se rappellent de cette librairie, pas très grande mais en constante animation car les idées, souvent nouvelles pour l'époque, s'y envolaient, portées par les haussements de voix du libraire qui étaient autant de catapultes pour la libre pensée, et donc pour la modernité naissante.  Rima Elkouri parle de « (…) toute une génération  de collégiens qui ont eu la chance de fréquenter sa librairie dans ces années de Grande Noirceur qu'il illuminait» (1).

On ne se surprendra pas que, aux dires de certains, la librairie possédait des livres que l'on ne trouvait pas ailleurs; c'est du moins ce qu'assurent certains témoins de l'époque… ajoutant au passage qu'Henri Tranquille  avait tout lu ce que sa librairie renfermait!

 Cette librairie était donc tout sauf un lieu tranquille et plat :

« Il était agressif, il défendait des livres. Il donnait son avis sur les choses. Ca en faisait un endroit très animé » confiait Jean-Claude Germain à Rima Elkouri (1).

Cette librairie fut ainsi le lieu de tous les combats… On apprend par exemple que le lancement du refus global en 1948 eut précisément lieu dans la Librairie Tranquille… (2).

Henri Tranquille n'a donc pas que vendu des livres… puisque les livres ne sont pas qu'assemblage de papier, de colle et de formes typographiques bien rangées les unes à côté des autres. Le livre est porteur de bien d'autres choses que la somme de ses parties… « Monsieur Livre », du moins à la lecture de ces articles, semble s'être fait le chantre de l'audace et de la découverte, les livres étant écrits par des personnes pour d'autres personnes : D'un côté il y a le désir de transmettre, de communiquer et de l'autre il y a le désir de recevoir, de découvrir. Et entre les deux… il y eut Henri Tranquille et maintenant tous ses émules!

Pierre Tardif

(1) ELKOURI, Rima, « Les adieux de Monsieur Livre », La Presse, 22 Novembre 2005, p. A8.
(2) LEPAGE, Jocelyne, La Presse, 22 Novembre 2005, cahier Arts et spectacles, p. 6.

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