Bottin Aines Hébergement Richard Perreault

 

 

Consultez la version PDF du dernier numéro de L'Indice Consultez le Bottin Aînés Hébergement Consultez les archives de la revue Aînsé Hébergement
 
Imprimer cette chronique Commenter cette chronique Envoyer à un ami

Avoir les moyens de maigrir
4 Janvier 2006

L'image traditionnelle du gros bonhomme assis sur des sacs d'or, qui grossit en même temps que se gonfle sa panse et qui profite joyeusement de sa fortune ne semble pas toujours vraie, du moins si l'on consulte les trois articles consultés ci bas… Le riche est souvent plus mince que le pauvre!


L'obésité dans les pays pauvres

En effet, un lien a été établi entre l'obésité et la pauvreté. Dans les pays pauvres,  les enfants « (…) ne sont pas en mesure de choisir entre des styles de vie ou  de comprendre les conséquences de leurs habitudes alimentaires. Ils dépendent des soins et des connaissances des adultes. Comme ils sont très réceptifs, ils sont aussi des proies faciles pour les publicités sans scrupules ». Ces mots du directeur général de l'Organisation mondiale de la santé ont été recueillis par la journaliste Ariane Krol (2).

Dans les pays les plus pauvres? Pourtant, un autre article s'attarde à  la France, qui bien sûr n'en est pas un, et où l'obésité est une sorte « d'épidémie galopante » ,selon les termes de la journaliste Katia Chapoutier (1). Alors que se passe-t-il?  Voyons un peu quel groupe socio-économique semble être le plus touché par cette épidémie.

 

Une population pauvre et grasse… 

La journaliste cite notamment une étude l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui a précisément étudié les facteurs favorisant l'obésité : cet Institut confirme notamment les propos précédents, à savoir  que si les pauvres consomment moins de fruits et de légumes, c'est parce qu'ils ont un « (…) moindre attrait lié sans doute à une éducation insuffisante sur leur utilité diététique.» (1). La lutte contre l'obésité impliquerait donc une « éducation à la minceur et à la santé»...

À part l'absence d'une connaissance appropriée l'INSERM note que  les fruits et les légumes  « (…) sont devenus incomparablement plus chers que la plupart des produits gras et sucrés » (1). 

Et il en serait de même pour les activités physiques, de plus en plus dispendieuses et donc, évidemment, moins attrayantes voire inaccessibles pour ceux et celles qui « n' ont pas les moyens» (1)

Résultat : vraisemblablement des risques accrus de maladies chroniques chez les plus pauvres, si du moins on considère que l'obésité favorise ces maladies (2). Alors raison de plus pour agir en sensibilisant certaines couches de la société réputées plus fragiles.  La France n'est pas un pays pauvre, mais bien sûr il y a des pauvres, ici comme ailleurs.

Et nous revenons alors au problème initial, à savoir que la pauvreté n'aide pas à la prise de conscience  qui n'est pas là au départ (éducation), favorisant d'autant moins la mise en pratique de bons principes de vie (nourriture saine et activités physiques régulières) qui sont en eux mêmes dispendieux… Comment alors briser le cercle vicieux?

 

… Des riches minces et en santé

Associant obésité et milieu social, on peut dire qu'effectivement, le fait d'être aisé peut être un avantage dans la lutte contre l'obésité. Comme en témoigne l'histoire de André Dépatie, homme d'affaire de Québec, qui a écrit un ouvrage intitulé De pathétique à athlétique… à 60 ans », où il décrit son expérience inusitée: passer de 236  à 166 livres en un an!

« Pendant un an, écrit un journaliste, il a donc fréquenté les meilleurs spécialistes du conditionnement physique. Il a adopté une discipline digne des marines américains et s'est imposé des régimes alimentaires spartiates. Il s'est très rarement permis de « flancher », a ressuscité ses muscles et terminé le tout avec une chirurgie plastique » (3)


Reste à savoir si une personne pauvre et obèse aurait eu le goût de suivre un tel parcours, puisque justement, si l'on se fit à ce qui précède, la minceur et d la santé est mieux perçues chez les gens bien nantis. Si c'est le cas, on pourrait présumer qu'être gros chez les riches devrait être dur à vivre! Il faudrait des études pour le vérifier, si elles n'ont pas déjà été faites.Cette question n'est pas si stupide, car elle nous amène à nous demander si vieillir en santé est accessible à tout le monde. De fait, le journaliste cite André Dépatie : « Je voulais dire aux gens de mon âge de ne pas baisser les bras. Ce n'est pas parce que vous avez 60 ans que vous êtes au bout de la ligne » (3). Mais s'adresse-t-il réellement aux gens de son âge… ou bien au gens de son statut social?


Le « gros » mis à l'index?

On devine en tout cas que monsieur Dépatie était sensibilisé, en plus d'avoir accès aux meilleures ressources (chirurgie plastique comprise…). Là encore il est sans doute  moins dispendieux de prévenir que de guérir. Car guérir est certainement  très dispendieux…

Mais si guérir semble la plupart du temps accessible aux riches, prévenir demande aussi de gros efforts. Le gros semble décidemment malmené.

En effet, dans l'article déjà cité on note que « L'obèse est devenu le bouc émissaire de la société de consommation » (1). On parle dans cet article de « grossophobie ». Alors, on peut peut-être conclure que, généralement,  le gros condamné à rester gros (sans doute en partie parce qu'il est pauvre) est rejeté, tandis que le gros à qui s'ouvre la possibilité de la sveltesse pourrait atteindre la rédemption.  De fait, la société de consommation semble traiter le gros de deux façon : D'une part de façcon méprisante et, d'une part, en lui offrant  une multitude de produits gras et sucrés à bon marché. Il est curieux que bien souvent l'on condamne l'embonpoint mais que l'on fait tout pour le maintenir, car, avouons-le, c'est payant pour certaines personnes et organisations... 

On imagine avec horreur ce riche pdg de la compagnie de boissons gazeuses XYZ qui fait une fortune avec ses distributrices et qui regarde d'un œil méprisant cette personne rendue pataude par l'obésité, pourtant grande consommatrice de ses boissons gazeuses et qui donc a fait de lui un homme riche.  Il la croise dans la rue tandis qu'il se rend, tout pimpant, à son gym high tech…

Ainsi, la santé a bien souvent un prix. S'il semble élémentaire de le rappeler, rappeler cette évidence est néanmoins essentielle. 

Pierre Tardif

(1) CHAPOUTIER, Katia, « Obésité. Le Sénat sonne l'alarme en France », La Presse, Cahier actuel, p. 4.
(2) KROL, Ariane, Organisation mondiale de la santé. L'obésité entraîne une forte progression des maladies chroniques »,  La Presse, 2 juin 2005.
(3) LAURENCE, Jean-Christophe Laurence, « André Dépatie. Jeune à 60 ans », La Presse, Cahier actuel, p. 4.

Pierre Tardif

ptardif@aineshebergement.com

Imprimer cette chronique Commenter cette chronique Envoyer à un ami


Commentaires d'internautes:

Autres chroniques: Santé

Autres Catégories

Vous avez un commentaire sur cette chronique?

Votre nom:
Commentaire:
  
          


Copyright © Aînés Hébergement © Tous droits réservés