Bottin Aines Hébergement Richard Perreault

 

 

Consultez la version PDF du dernier numéro de L'Indice Consultez le Bottin Aînés Hébergement Consultez les archives de la revue Aînsé Hébergement
 
Imprimer cette chronique Commenter cette chronique Envoyer à un ami

Le Patrimoine : Un pendule qui oscille entre la passion et l'indifférence
7 Novembre 2005

Les personnes âgées détiennent le passé. Mais tout notre environnement se doit de refléter, dans une certaine mesure, nos racines. Car le souvenir, en rendant signifiant des lieux et des gens, c'est aussi une façon de rendre hommage à nos aînés en mettant en valeur ce qu'ils ont construits et les lieux où ils ont oeuvré. Par ailleurs, il est bien connu que l'on  peut véritablement évoluer en tant que société lorsque nous savons qui nous sommes… La mise en valeur (et donc aussi la sauvegarde) de notre patrimoine est donc essentielle. 

Le cas du cinéma Rialto est un bon exemple : « Il nous faudrait donc un mécène pour le Rialto. Ou une loi plus musclée qui permettrait de le protéger. C'est l'un ou l'autre. Mais comme nous n'avons ni l'un ni l'autre, comme la seule chose que nous ayons, c'est un grand discours sans dents sur la nécessité de préserver le patrimoine,  nous voilà condamné à manger du steak au Rialto en écoutant un crooner, tapis bien au chaud derrière le guichet du cinéma recouvert d'une planche de contreplaqué » (1). 


Les beaux souvenirs ne se conservent pas seulement dans la tête!

Le Rialto, c'est le nom d'un cinéma de l'avenue du Parc, à Montréal, qui devient peu à peu, aux « bons soins » du propriétaire, un lieu qui se départit de ses valeurs patrimoniales, et ce au grand dam de la ville qui produit infractions sur infractions contre lui. Et pourtant, une étude datant de 1997 avait confirmé la valeur patrimoniale de ce cinéma…

Cette histoire illustre en fait l'éternel combat entre deux forces, comme les deux plateaux d'une balance: d'un côté de la balance, il y a « des citoyens et des artistes ayant à cœur sa mémoire » ainsi que l'organisme Héritage Montréal et le ministère de la Culture, qui tous soulignent la richesse patrimoniale du Rialto, d'ailleurs classé monument historique… Leur armes : pétitions et manifestations, et … des constats d'infraction. Car s'il suffit d'une seule personne pour mettre le feu, il faut toute une équipe pour l'éteindre!

De l'autre côté de la balance, il y a la force de l'amnésie, de l'oubli, qui frappe à gauche et à droite, un peu partout, car elle ignore précisément où intervenir, ne reconnaissant pas la valeur des choses autrement que par la mesure du profit. Le propriétaire du Rialto se plaint en effet à Rima Elkouri (qui ne semble pas particulièrement impressionnée ou touchée) que « ce bâtiment est un cauchemar pour moi depuis que  je l'ai acheté. Il ne m'a pas rapporté un sou! Je passe mon temps à payer! » .

 

Le patrimoine naît au cœur de la communauté ou du quartier, c'est souvent grâce à lui que les membres retrouvent des éléments communs, des facteurs de cohésion, que jeunes et vieux se reconnaissent…

Comme quoi valeur financière et valeur patrimoniale ne font pas bon ménage… à moins que le propriétaire ne sache mettre à profit cette valeur patrimoniale? Les armes du monsieur sont présentement le pic et la pioche avec lesquelles il entame le patrimoine, défigurant ce monument historique, sans que, (comme il est dit dans l'article de Rima Elkouri) cela lui rapporte de profits. Alors est-ce le patrimoine qui ne rapporte pas, ou la façon d'en user?  

Voici un exemple d'un projet où patrimoine et exigences économiques peuvent faire bon ménage : L'Écomusée du Fier Monde qui jette un regard sur le quartier Centre Sud de Montréal, désire acquérir le Marché Saint-jacques qui se trouve dans son secteur, et dont la ville veut se départir : « L'avenir de ce petit marché est incertain puisque la Ville souhaite se départir du bâtiment de trois étages, au rez-de-chaussée duquel sont installés des commerçants. » (2)

Il s'agit d'un projet de mise en valeur d'un lieu important pour le quartier, bien que les commerçants, apprend-on dans l'article, s'inquiètent de devoir partir si, par exemple, l'espace était aménagé en immeuble d'habitation. Ces gens, par ailleurs, sont prudents et n'applaudissent pas tout de suite à ce projet de l'Écomusée du Fier Monde qui n'a pas encore été confirmé : « Ca fait 20 ans que je suis ici, j'ai tellement entendu de rumeurs. Tant qu'il n'y a rien signé de la Ville, je ne prends rien au sérieux. L'idée de l'Écomusée, ça peut être une bonne affaire, mais c'est encore du blabla. Je suis en période d'attente », dit l'un d'eux (2).

Voilà une preuve supplémentaire qui confirme que le  patrimoine c'est d'abord du vécu, et seulement après des paroles…

Pierre Tardif

(1) ELKOURI, Rima, « Patrimoine sur le gril », La Presse, 9 août 2005, p. A5.
(2) MORASSE, Marie-Ève, « L'Écomusée veut acheter le marché Saint-Jacques », La Presse, 15 août 2005, p. A4.

Imprimer cette chronique Commenter cette chronique Envoyer à un ami


Commentaires d'internautes:

Autres chroniques: Dossier

Autres Catégories

Vous avez un commentaire sur cette chronique?

Votre nom:
Commentaire:
  
          


Copyright © Aînés Hébergement © Tous droits réservés