« Au Guatemala, il arrivait parfois qu'on parte en avion sans savoir si l'on pouvait revenir. Nous avons vécu toutes sortes de situations abracadabrantes.»

Ces propos sont d'une dame d'une cinquantaine d'années qui s'est plongée un jour dans la coopération internationale. Il y a  les « coopérations payantes » où l'on doit débourser un montant pour y participer (autour de 2000$), et il y en a d'autres où ce sont les compétences du  candidat qui sont évaluées selon les critères définis par les tâches à effectuer sur le terrain; et une fois engagé, c'est gratuit.

Ces gens, apprend-on dans cet article (3), désirent ce type de retraite soit pour réaliser un vieux rêve (qu'ils avaient mis de côté durant leur carrière), pour aider et bien sûr … pour le goût de l'aventure!

Voilà une retraite ou une préretraite bien remplie! À côté de ces gens, qui partent à l'aventure plutôt que de se la couler douce sur une plage, il y a un cas bien spécial, celui de ce type de 28 ans qui a décidé de se lancer dans une retraite anticipée et d'aller vivre avec de véritables retraités dans un lieu appelé Century Village, en Floride. Au début il s'ennuie, mais il se prend peu à peu à son jeu (2).

Ce curieux personnage s'est penché en fait sur la migration des personnes retraitées vers la Floride, un phénomène social qui, aux Etats-Unis, a été constaté depuis les années 30, comme conséquence de l'apparition de la sécurité sociale qui donnait une certaine autonomie à ces gens. Ce type écrivit donc un livre, paru récemment, pour décrire son expérience au moment où, se retrouvant sans emploi, il se rendit vivre en « retraité » durant cinq mois auprès de ces personnes âgées…

Or il a appris beaucoup sur ces gens : « J'ai rencontré de vielles personnes sages, des gens beaucoup plus intelligents et intéressants que bien des jeunes. Mais surtout, j'ai constaté qu'à ces âges, les gens continuent de se poser des questions et d'évoluer. Je trouvais rassurant de rencontrer des personnes âgées qui essayaient encore de donner un  sens à leur vie.» (2)

Ainsi, le voyage d'une  génération à l'autre peut s'opérer de deux façons :

1. les jeunes vont vers les vieux; ils y découvrent alors un univers qu'ils ignoraient, beaucoup plus complexe qu'ils ne le pensaient:
   « Je pense qu'avant mon séjour à Century Village, j'avais un peu idéalisé les personnes âgées. J'imagine que je les percevais  comme une masse uniforme de têtes argentées.» (2)
2. les vieux vont vers les jeunes, ou conservent ou retrouvent un esprit jeune  que leur permettent les loisirs de la retraite et surtout les moyens d'y accéder:
   « Plusieurs d'entre eux ont voulu être coopérants dans leur jeunesse et, pour des raisons familiales ou professionnelles,  ils n'ont pu réaliser leur rêve.» (3)

Pierre tardif

(1) ST-JACQUES,  Sylvie, « Qui peut y aller? », La Presse, 3 octobre 2005, cahier actuel, p. 3. 
(2) ST-JACQUES,  Sylvie, « Récit d'une retraite à … 28 ans », La Presse, 29 août 2005, cahier actuel, p. 5.
(3) ST-JACQUES,  Sylvie, « Retraités sans frontières », La Presse, 3 octobre 2005, cahier actuel, p. 1-3.

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