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L'éternel jeu de cache-cache entre la réalité du système et la réalité des patients...
28 Août 2005

Le danger avec les grands mots et les grandes idées, c'est qu'ils sont lancés parfois en  l'air et que, en redescendant, ils révèlent une réalité plus crue que l'on doit pourtant, un jour ou l'autre,  regarder en face. Ainsi, Claude  Piché se demande : «Comment se fait-il que l'on pompe des sommes de plus en plus colossales dans le système de santé, et que celui-ci n'arrête pas de se dégrader?» (4). Ici, la «grande idée» est, sans doute, que de grosses dépenses peuvent régler tous les problèmes…

Et Claude Piché de poursuivre : « Une excellente façon d'évaluer le rendement d'un système de santé consiste à mesurer les délais d'attente pour accéder à une chirurgie. » Prenons-le donc au mot…

Nous apprenons donc de monsieur Piché que selon « la plus récente compilation annuelle réalisée par l'institut Fraser, ce délai est passé de 9,3 à 17,9 semaines entre 1993 et 2004, dans l'ensemble du Canada. C'est au Québec que l'on a observé la détérioration la plus rapide et la plus dramatique : de 7.3 à 18.7 semaines» (4).

Et dans un autre article, on apprend en outre que « Selon les données du ministère de la Santé du Québec, pas moins de 24 475 personnes étaient en attente pour une chirurgie d'un jour en mars 2005, contre 16278 en 2001»(2).

Conclusion?  C'est un peu comme si la fragilité du système de santé augmentait parallèlement à celle de nos aînés! Or le système de santé ne devrait-il pas plutôt se renforcir pour soutenir une population plus faible?

En effet, selon l'article qui vient d'être cité, avec le vieillissement de la population, la demande en chirurgie d'orthopédie et de cataracte s'en va en augmentant. Et ce phénomène est évidemment à prévoir, compte tenu du vieillissement de la population. Voici un exemple d'une spécialité qui devrait prendre de plus en plus d'importance au cours des années. Et cette évolution vers la spécialisation, ne devrait-elle pas aller de pair avec une augmentation  des ressources nécessaires?

Mais, on le sait, les patients (eh oui, ce sont toujours eux qui écopent), se heurtent forcément aux problèmes des quotas : «(…) parce que le régime public plafonne les revenus des médecins; une fois le plafond atteint, ceux-ci doivent refuser des patients» (4). Ainsi, la demande (en chirurgie spécialisée) ne fait qu'augmenter, c'est la conséquence inéluctable d'une société vieillissante, tandis que l'offre (la disponibilité des chirurgiens spécialistes), pour sa part, semble diminuer... On a parfois l'impression d'une rencontre entre deux mouvements qui seraient inversement proportionnels!

De fait, si nous revenons à la chirurgie  orthopédique, on apprend que «(…) les hôpitaux doivent respecter les quotas. Les chirurgiens ne peuvent souvent qu'opérer une fois par semaine. Avec la hausse de la demande, on court à la catastrophe en orthopédie». La réponse à cette situation semble bien sûr, pour ce médecin, la possibilité pour le client de souscrire à une assurance privée, qui semble être la solution autant pour les patients que pour les médecins! (1)

Mais les quotas n'expliquent pas tout. Si de nombreux médecins partent pour le secteur privé, d'autres partiront pour leur part pour…la retraite. Qui les remplaceront? Il semble que les médecins manquent à l'appel et il semble aussi qu'ils continueront de le faire, du  fait du contingentement dans les universités: on apprend en effet que «Même si de nouvelles places en médecines seront prochainement créées, les universités québécoises ne suffiront pas à former la relève nécessaire pour combler le départ de médecins qui quitteraient éventuellement le réseau public.»(3)

Preuve supplémentaire que le vieillissement de la population, comme phénomène social, surprend tout le monde, y compris les experts!

Ainsi, «La véritable façon de garantir la pérennité du système de santé, c'est pourtant de s'attaquer  à son fonctionnement. (…) cela ne donnera rien de déverser des millions dans un système qui fonctionne tout croche» (4)

Et malheureusement, si notre système de santé est malade, le danger n'est-il pas qu'il se retrouve seul, dans la grande salle d'attente de la société, en quête d'un traitement? Espérons que non!

Pierre Tardif

 

(1) LEMAY, Éric-Yvan, « Pour certains médecins, c'est une manne inespérée, La Presse, 10 juin 2005, p. 5.
(2) LEMAY, Éric-Yvan, « Les patients hors délais de plus en plus nombreux », Le journal de Montréal, 11 juin 2005, p. 6.
(3) MÉNARD, Sébastien, « Les facultés de médecine ont atteint leur point de saturation », Le journal de Montréal, 11 juin 2005, p. 6.
(4) PICHÉ Claude, « Le cauchemar du système de santé », La Presse, 28 juillet 2005, pp. A1, A2.

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