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La magie de l'eau...
19 Avril 2005

... rassemble les gens autour de son murmure

 

Par Pierre Tardif

 

Pas besoin d'un torrent pour emporter les gens. Il suffit d'une modeste source dont le filet d'eau est comme un fil capable de lier nos âmes à son cours, dans une rafraîchissante redécouverte de nos sens.

 

 

Pour faire miroiter un rêve d'eau

 

Récemment, à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, les personnes âgées s'étaient rassemblées dans une salle commune, fixant la magnifique fontaine Levinschi (en l'honneur de la Fondation Gustav Levinschi, la généreuse donatrice) à l'occasion de son inauguration. Elle était là, devant ces dizaines de personnes, et semblait murmurer un message à chacun d'eux, tout en clignant de ses mille yeux lumineux, comme autant de points de lumière qui s'ébouriffent en riant, comme si nous étions nous-mêmes le réceptacle de l'eau en fin de parcours. Et que dire de ce murmure, qui semble s'accorder au murmure intérieur de tout un chacun !

 

La docteure Suzanne Lebel fut elle même subjuguée par de telles fontaines il y a quelques années. Elle s'imagina alors les bienfaits qu'elles pourraient apporter aux résidents. D'autant plus, remarque-t-elle, que « bien souvent, on ne peut pas parler avec eux, la communication verbale est presque impossible, mais il est quand même possible de communiquer par les autres sens, et une fontaine a la merveilleuse tendance à éveiller les sens ».

 

 

Les réflexions d'un sculpteur d'eau

 

La vision de Suzanne Lebel se mua en passion, et son enthousiasme, comme la magie de l'eau, mouilla quiconque s'en approchait. Le projet de la fontaine permettrait par ailleurs d'aller au-delà des soins, d'offrir aux gens une qualité de vie accrue. Ce serait, disaient certains collaborateurs, l'occasion d'inviter la nature dans un contexte de milieu de vie.

 

Et c'est ainsi que le sculpteur Marcel Dubuc, qui modèle l'eau comme d'autres l'argile, vint passer une journée à l'Institut pour s'imprégner de la vie. Pour cet artiste, l'eau évoque l'enfance. Il se rappelle la sienne passée près d'un ruisseau, comme une présence rassurante. Et c'est ce qu'il a fait de sa fontaine: l'eau est accueillante, familière dans sa façon de se profiler à travers les multiples passages que le sculpteur lui a ménagés dans les matériaux et de se laisser caresser au passage. Cette fontaine est vivante, l'eau qui l'anime est son sang, et le sculpteur implore tout le monde, médecins, infirmiers, infirmières, aidants, «de faire des gestes de gratuité à l'eau, des gestes d'amour. Il faut qu'elle ne meurt pas d'ennui, comme ces fontaines qui ne vont pas très loin dans l'échange avec les gens.»

  

La matérialisation du projet

 

Bien sûr, l'acquisition d'une fontaine, ce n'est pas comme l'achat d'équipements médicaux, que l'on peut justifier par des chiffres, des tableaux statistiques… Car il est difficile d'évaluer un projet qui consiste à faire venir la nature auprès des gens qui peuvent difficilement s'y rendre. Mais «une fois que les gens sont convaincus, ils peuvent nous convaincre de faire les démarches nécessaires pour trouver les fonds», affirme Mme Chantal Roy, directrice générale de la Fondation de l'Institut, qui rappelle la grande motivation des gens à faire des activités autour de la fontaine. Justifier un projet au moyen de chiffres, c'est bien, mais, comme elle le dit, «souvent les chiffres manquent de passion».Voilà une preuve supplémentaire que l'eau subjugue les gens et leur insuffle la passion. Et voilà qu'elle anime la vie des résidents.

 

Cette fontaine fait d'ores et déjà partie de la famille. Les bénéficiaires viennent la décorer, la parent de roches, de coquillages, de mousse… Les intervenants ou leurs proches les accompagnent, cédant eux aussi à la tentation de tremper leurs doigts dans l'eau ou à prendre un caillou. Ils partagent ainsi avec ces gens des expériences sensorielles qui, à n'en pas douter, les rapprochent, au-delà des mots. Et pour les gens qui ne peuvent sortir de leur chambre, il y a une petite fontaine mobile. Et ce sont les visages qui s'animent, en même temps que la fontaine.

 

La fontaine est donc le lieu où la nature s'installe, foisonne, se modifie… comme la vie. Et c'est sans doute pour cette raison que les résidents et la fontaine, au moment de l'inauguration de cette dernière, semblaient déjà se connaître… et s'apprécier.

  

Aînés hébergement Vol. 6, N°2 – 2005  www.aineshebergement.com  

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