À qui la responsabilité des soins offerts aux personnes âgées vulnérables ?

C e fut le thème du dernier 5 a 7 du Groupe espace santé (1) tenu le 11 octobre dernier à l’écomusée du fier monde à Montréal. Malgré la pertinence de la question il semble qu’il soit difficile d’y répondre et de donner des solutions, comme on va le voir un peu plus bas, à partir du cours résumé que nous ferons des interventions.

D’abord disons que, selon nous, il semble que la question de savoir qui est responsable, a revêtu plusieurs sens, selon les conférenciers. Il peut s’agir :

  1. De l’individu qui s’occupe d’un aîné (le proche aidant);
  2. De la collectivité qui soutient à la fois l’aîné et le proche aidant, allégeant du même coup le fardeau qui pèse sur ce dernier;
  3. Et d’un point de vue encore plus large, du financement des soins aux aînés fragiles.

Reprenons brièvement les propos des trois conférenciers.

En premier lieu, le docteur Michel Boivin, vice-président, mobilisation de la société de la Fondation Chagnon, souhaite que l’on retrouve le sens de la communauté (car notre monde est actuellement trop individualiste). C’est, selon lui, la condition sine qua non pour que l’aîné vive heureux tout comme l’aidant qui se sentira valorisé et soutenu. Pour ce faire, le docteur Boivin tente de mobiliser les régions.

Me Martyne-Isabel Forest avocate, spécialiste des questions d’éthique clinique, de gouvernance et administratrice à la RAMQ, reprend pour sa part la problématique de l’aidant mais en lui donnant une perspective plus juridique et féministe, soulignant en particulier la nécessité de donner une formation aux aidants ce qui, semble-t-il, n’est pas pris en compte présentement dans la loi …

Entre les deux, François Béland, professeur titulaire au Département d’administration de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, a fait sa présentation sous le titre: « Financer les services aux personnes âgées très fragiles ». Et il a insisté d’ailleurs, d’entrée de jeu, sur la notion de grande fragilité, celle qui touche environ 5% à 8% des personnes âgées, soit celles qui présentent à la fois des problèmes de santé chroniques et aigus.

Dès les années 1975, on avait relevé le problème et dès les années 1990, aux États-Unis, on avait conclu qu’il fallait, pour y répondre, la simultanéité des services…

Or, selon Francois Béland, la simultanéité des services ce n’est pas la même chose que la simultanéité des établissements (on en a la preuve présentement, a-t-il souligné, au Québec).

Mais alors, comment répondre aux besoins de ces personnes âgées très fragilisées qui présentent des problèmes tant physiques que cognitifs? Comment ces gens peuvent-ils se démêler dans les méandres du système de santé?

Selon lui, le financement doit aider à l’intégration des services. Comment? Pour répondre à cette question, il a examiné les modes de financement actuels. Il remarque qu’une personne peut passer du CHSLD à l’hôpital, "comme une balle de ping pong", et que dans les deux cas, il s’agit d’un mode de financement différent. Par ailleurs, l’assurance privée ne marche pas, puisque les personnes âgées de 25 ans, endettées par les frais de scolarité, n’y adhèreront pas; pas plus que les gens de 40 ans qui se disent que ce n’est pas qu’une question d’argent et qu’il faut aussi savoir, le temps venu, qui va leur donner des services et comment ces derniers seront organisés. Et d’ailleurs, les compagnies d’assurances, rappelle-t-il, n’ont pas pris en compte le fait que les personnes âgées allaient vivre plus longtemps! Quant au paiement privé, il le considère ruineux, puisqu’une personne très fragilisée a besoin de soins qui sont, disons-le, très dispendieux...

Ainsi donc, pour lui, le financement devrait être assumé par les collectivités…

CONCLUSION

Que retenir de cet événement et surtout où se situent les RPA dans tout ceci? La problématique est si vaste qu’on a l’impression d’une prise de conscience de l’urgence de trouver des solutions sans pour autant en proposer de concrètes. Mais relevons cependant certaines idées qui peuvent intéresser les gestionnaires de RPA et les inciter à participer au débat.

Relevons en premier lieu les propos du Dr Boivin qui, rappelant que les ainés veulent vivre le plus longtemps chez eux, élargit le sens de cette expression non seulement à la maison et l’appartement mais aussi aux RPA… On dirait qu’on en vient lentement à considérer cette forme de logement comme légitime, nécessaire et peut-être même… inéluctable?

Notons aussi l’appel à la collectivité, tant sur le plan des services directs aux aînés que du financement. Les RPA ne sont-elles pas directement liées à une collectivité? Songez simplement à tous ces gens que vous hébergez qui proviennent de votre région! Il faudra bien que l’on prenne ce fait en considération un jour ou l’autre…

(1) Pour plus d’informations sur le Groupe Espace Santé :
http://www.espacesante.ca/

 
MESURER LA QUALITÉ DE VIE DANS UNE RPA…
Pierre Tardif

Les RPA ont… la cote!

Si jusqu'à maintenant, les RPA doivent répondre aux exigences socio-sanitaires pour demeurer en vie, très bientôt les gestionnaires pourront, de façon volontaire, faire évaluer la qualité de vie qui y prévaut, sous l’égide le FADOQ !

À ce propos les expressions utilisées par deux journalistes qui ont parlé du concept est significatif: il s’agit pour l’un d’une sorte de « Guide Michelin » (1) et pour l’autre, d’un « bulletin », un peu comme celui que vos enfants rapportent de l’école (2)…

En effet, ces RPA se verront conférer une note (=cote) sur la base de 43 critères qui viseront à évaluer, par exemple, si les repas sont servis à des heures convenables, s’ils sont servis chauds et en quantité suffisante, s’il est possible pour les résidents de les déguster avec leurs proches, etc.… (1).

L’originalité du concept

Il est intéressant de noter que les propriétaires de RPA utilisent souvent l’expression « ambiance familiale » pour décrire leur résidence. Et l’on pourrait ajouter le qualificatif « hôtelier », que l’on utilise surtout pour le cas de grandes RPA.

Ainsi, par exemple, lorsque Danis Prudhomme, de la FADOQ, parlant de cette évaluation, révèle à un journaliste que :

C’est un projet unique au monde. Ce sera un bottin semblable à celui de Michelin. Il va lister les résidences qui auront passé à travers le processus de notre programme. Ce sera un bottin comparatif qui va donner une évaluation comme celle avec des étoiles pour les hôtels (1)

D’ailleurs, à ce sujet, on pourrait noter qu’en France, le Figaro a fait paraître un palmarès (et pour des résidences desservant une clientèle qui nous semblent beaucoup plus lourdes !), dans lequel on y déplorait, justement, la présence « d’une fonctionnalité plus proche de l’ambiance hospitalière que de la résidence hôtelière » (3).

Avouons que ces termes de « familiale » ou « d’hospitalier » devraient être explicités afin de devenir des critères d’évaluation pour les RPA…

Un autre élément intéressant nous semble être l’approche des enquêteurs, lesquels doivent questionner d’une part l’exploitant et d’autre part quelques résidents, choisis de façon aléatoire et anonyme (2). En effet, il semble que le point de vue des résidents diffère parfois de celui des propriétaires. Une approche de ce genre pourrait rallier les deux camps, dans le cadre d’une RPA ...

Des questions…

On pourrait cependant se demander pourquoi cet instrument de mesure n’est pas obligatoire, puisqu’il est sensé aller « (…) plus loin que le processus de certification » (1).

Demandons-nous aussi sur qu’elles bases les 43 critères ont été produits? Et pourquoi 43? Pourquoi pas 27 ou 274? On sait d’ailleurs que la notion de qualité de vie, plus complexe qu’on le croit, a été débattue depuis des années par les chercheurs.

On sait par ailleurs qu’une RPA est constituée par les gestionnaires, les employés et les résidents (et leur proches). La qualité de vie au sein d’une RPA ne devrait-elle pas être établie aussi pour les employés? Songez simplement à la difficulté de recruter et de garder le personnel au sein d’une RPA.

Songez enfin au fait que dans une RPA même impeccable, les erreurs ou les marque d’impatience des employés à l’égard des résidents s’expliquent souvent par la quantité de travail et par la fatigue. Le Palmarès du Figaro avait d’ailleurs parlé du concept de « bientraitance » (3).

Ainsi donc, encore une fois, ne faudrait-il pas que les gestionnaires de RPA (en particulier les opérateurs qui sont sur le terrain) prennent la parole et contribuent, à leur façon, à l’élaboration d’un questionnaire sur la qualité de vie?

REFERENCES

(1) PELCHAT, Pierre, Un guide Michelin des résidences pour aînés disponible en 2012,
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201110/11/01-4456261-le-guide-michelin-des-residences-pour-aines-disponible-en-2012.php

(2) LECAVALIER, Charles, Un bulletin des résidences privées pour aînés verra le jour,
http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2011/10/20111011-162848.html

(3) Voir BRP 41 :
http://www.richardperreault.ca/brp/41Web.html


LES PRÉ-LOCATIONS, OU L’ART DE FAIRE SA PLACE DANS UNE RÉGION
Pierre Tardif

P

ourquoi parler des pré-locations?

L’intérêt pour nous est de voir se développer, à travers la démarche de pré-location de logements pour aînés, les outils qui devraient faire d’une RPA à venir (puisqu’elle n’est pas encore construite) un lieu de ralliement pour la collectivité. Pour notre part, nous pensons que la pré-location peut être l’occasion pour une RPA de s’implanter dans son milieu en inculquant un esprit d’appartenance auprès de la population.

Au fond, pré-location et construction ne vont-ils pas de pair? Voyons un peu :

  • Il y a la construction physique d’une RPA;
  • Mais il y a aussi une construction que l’on pourrait appeler "symbolique", qui est la tâche des responsables marketing pré-location

Le rôle de ces derniers ne serait-il pas en fait de faire grandir la RPA à venir dans l’esprit des gens, au même titre qu’elle prend peu à peu sa place dans un lieu donné devenant de jour en jour plus majestueuse?

1. L’investissement

Selon notre collègue Johanne Cottenoir, qui a également travaillé dans le domaine de la pré-location, il faut comprendre que la pré-location implique dès le début de gros investissements sur le plan de la publicité et du marketing. Rien ne doit être négligé : conception d’un site web, formation du personnel, choix de l’emplacement où se trouvera la roulotte de vente, décoration intérieure (maquette, salle de montre) et extérieure (oriflamme, pancarte, etc…), publicité…

2. Intervention auprès du milieu

Les employés préalablement formés n’auront donc pas qu’à trouver des résidents. Ils auront à solliciter les commerçants de la région, leur faisant comprendre que la venue de la RPA représente des retombées importantes pour eux. Le travail sur le terrain implique d’ailleurs des séances d’information auprès de différents groupes, et des événements spéciaux (épluchettes de blé d’inde, etc.) auxquels ils sont conviés… Il faut en outre faire une analyse régulière des offres concurrentes : quels sont les tarifs dans les autres RPA de la région? Quels types de services offrent-elles?

3. Les retombées

Est-il nécessaire d’ajouter que durant tout ce temps, la RPA n’est toujours pas construite? Tout tourne autour d’une RPA virtuelle, et pourtant, il semble, du moins pour le cas qui nous occupe, que les efforts pour faire connaître le projet engendrent auprès des gens du milieu un esprit d’appartenance qui se manifeste de plusieurs façons : Johanne Cottenoir mentionne entre autres la participation bénévole des futurs résidents à l’organisation d’événements divers, la participation des commerçants qui offrent des services ou des bons cadeaux aux nouveaux résidents…

La pré-location ne permet évidemment pas de prédire l’avenir quant à la destinée d’une résidence. Mais il nous semble qu’il s’agit d’un élément clé dans la conception d’une future RPA, qui doit sans doute aller de paire avec la construction matérielle de celle-ci.

D’ailleurs, les prêteurs n’ont-ils pas tendances à exiger des promoteurs un certains nombre de logement pré-loués?